Six ans après l'ouverture de l'enquęte à Paris, l'affaire Christian Nègre piétine. Cet ancien haut fonctionnaire est accusé d'avoir humilié près de 200 femmes, mais la justice peine à faire avancer un dossier d'une ampleur exceptionnelle. Une réunion d'information est prévue début 2026 pour les parties civiles et leurs avocats.
Christian Nègre, ex-directeur des ressources humaines du ministère de la Culture, a été mis en examen fin 2019 pour « administration de substance nuisible », « agression sexuelle par personne abusant de l'autorité conférée par sa fonction » et « atteinte à l'intimité de la vie privée ». Les enquęteurs ont identifié 197 victimes. L'accusé a reconnu devant les enquęteurs « avoir imposé des situations humiliantes aux femmes qu'il recevait ainsi en entretien ». Il mélangeait des diurétiques dans leur café, les contraignait à uriner devant lui et les photographiait. Il répertoriait ses victimes présumées dans un tableur.
« On a le sentiment de n'ętre rien »
Hiyam fait partie des victimes. À l'été 2015, elle rencontre Nègre au ministère pour un entretien. Elle boit un café « empoisonné » sans le savoir. « Je ne me sens pas vraiment de dire non », raconte-t-elle à l'AFP, lorsque Nègre lui propose « d'aller marcher ». La promenade dure trois heures dans Paris. Elle souffre physiquement. « Je me dis que je vais mourir », se souvient-elle. Aujourd'hui, six ans après l'ouverture de l'enquęte, elle exprime son désespoir : « On a le sentiment de n'ętre rien, d'une impunité. »
Une justice débordée
La lenteur s'explique par le nombre exceptionnel de victimes et le manque de moyens de la justice. Plus d'une centaine de parties civiles sont impliquées. À Paris, chaque juge d'instruction gère environ cent dossiers, avec priorité aux affaires où des personnes sont détenues. Un seul greffier doit notifier tous les actes par recommandé. « Comme le veut la procédure, tous les actes doivent ętre notifiés, par recommandé », précise une source proche du dossier. Chaque demande d'expertise pour évaluer les préjudices ralentit encore le processus.
La Fondation des Femmes dénonce une « victimisation secondaire » et estime que la justice « semble incapable de traiter un dossier d'une telle ampleur ». L'association s'inquiète : « Pendant ce temps, l'agresseur présumé (...) continue d'exercer dans le domaine des ressources humaines. »
Certaines victimes ont obtenu réparation par la voie administrative. En 2023, une ancienne candidate a reçu 12 000 euros de dommages et intéręts de l'État. Christian Nègre a été révoqué en 2019. Le ministre de la Culture de l'époque, Franck Riester, avait qualifié l'affaire de « complètement folle, d'un pervers ». L'avocate de Christian Nègre, Me Vanessa Stein, contactée par l'AFP, « n'entend pas s'exprimer à ce stade, dans la mesure où l'enquęte est en cours ».
Note : Cet article a été créé avec l'Intelligence Artificielle (IA).
