Le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal sera connu mardi à l'issue de son procès en appel. Le parquet a requis dix ans de prison contre l'auteur de 80 ans, emprisonné en Algérie depuis plus de sept mois.
Sansal avait été condamné le 27 mars à cinq ans de réclusion en première instance. Cette condamnation fait suite à des déclarations controversées en octobre 2024 au média français d'extręme droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
Accusations multiples contre l'écrivain
L'écrivain fait face à plusieurs chefs d'accusation graves. Il est accusé d'« atteinte à l'unité nationale », d'« outrage à corps constitué », de « pratiques de nature à nuire à l'économie nationale » et de « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».
Le procès en appel a eu lieu à la demande de l'écrivain et du parquet, qui avait déjà requis dix ans en première instance. Sansal, atteint d'un cancer de la prostate selon ses proches, fait l'objet d'une âpre lutte diplomatique entre l'Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024.
Défense basée sur la liberté d'expression
Interrogé pendant son procès en appel sur sa déclaration sur les frontières, Sansal a répondu : « je ne fais pas que de la politique. Je m'exprime aussi sur l'histoire ». Il a invoqué le droit garanti par la Constitution « à la liberté d'expression ».
« La France a créé les frontières (de l'Algérie colonisée à partir de 1830) mais heureusement après l'indépendance (en 1962), l'Union africaine a décrété que ces frontières héritées de la colonisation étaient intangibles », a-t-il ajouté lors de son procès.
Crise diplomatique sans précédent
L'affaire Sansal a envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024. Cette crise trouve son origine dans la reconnaissance par la France d'un plan d'autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Depuis, les deux pays traversent une crise diplomatique sans précédent. Cette crise est marquée par des expulsions de diplomates de part et d'autre, des restrictions pour les titulaires de visas diplomatiques et un gel de toutes les coopérations.
Mobilisation française et silence algérien
Le 6 mai, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution appelant à la « libération immédiate » de l'écrivain. Cette résolution subordonne toute « coopération renforcée » entre l'Algérie d'une part, la France et l'Europe de l'autre, au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains ».
Si en France, Sansal fait l'objet d'une intense campagne de soutien politique et médiatique, en Algérie, où il n'est pas très connu, peu de personnalités l'appuient. Des prises de positions pro-israéliennes de l'écrivain rediffusées sur les réseaux sociaux lui ont valu l'hostilité d'une partie de l'opinion publique algérienne pour laquelle la cause palestinienne est sacrée.
Appels à la grâce restés sans réponse
Jusqu'à présent, les multiples demandes de libération ou d'une grâce du président algérien Abdelmajid Tebboune sont restées lettre morte. Emmanuel Macron en personne a réclamé « un geste d'humanité » de la part des autorités algériennes.
Le célèbre écrivain Yasmina Khadra a plaidé début juin pour sa libération « le plus rapidement possible » lors d'une rencontre avec le président Tebboune. « J'ai fait mon devoir d'écrivain. S'il y a une petite chance, il faut la tenter », a-t-il déclaré.
Certains proches de l'auteur avaient émis l'espoir qu'il soit gracié à l'occasion du 5 juillet, marquant le 63e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Le verdict attendu mardi déterminera l'avenir judiciaire de l'écrivain franco-algérien.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.