Le Venezuela a dénoncé lundi les « tortures » infligées à ses ressortissants expulsés par les États-Unis vers une prison pour membres de gangs au Salvador. Après quatre mois d'incarcération au Centre de confinement du terrorisme (Cecot), prison de haute sécurité du Salvador, ces 252 Vénézuéliens ont été rapatriés vendredi dans le cadre d'un accord entre Washington et Caracas.
En échange de ce rapatriement, le Venezuela a libéré dix citoyens et résidents américains détenus sur son territoire. « Nous avons décidé d'ouvrir une enquęte officielle », a déclaré le procureur général vénézuélien Tarek William Saab lors d'une conférence de presse à Caracas lundi.
Enquęte contre le président salvadorien
L'enquęte vise le président salvadorien Nayib Bukele et d'autres membres de son gouvernement, accusés par le Venezuela de crimes contre l'humanité. « J'appelle la Cour pénale internationale, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, les organismes correspondants tant en Amérique qu'à travers le monde, à faire de męme, à faire leur part », a ajouté le procureur.
Selon Tarek William Saab, 80 fonctionnaires du ministère public ont interrogé les migrants à leur retour au pays. Andry Hernandez Romero, un coiffeur et maquilleur de 32 ans qui s'est retrouvé au Cecot, déclare dans l'une de ces vidéos avoir subi des violences sexuelles.
Témoignages de violences
« Nous avons subi des tortures, des agressions physiques et psychologiques », dit-il. « J'ai été abusé sexuellement par les autorités salvadoriennes elles-męmes », affirme-t-il, ajoutant : « Nous pensions que nous ne reverrions jamais nos proches ».
Le procureur vénézuélien a également évoqué « l'isolement dans des cellules inhumaines (...) sans contact avec la lumière du soleil, sans ventilation » et « les attaques systématiques » avec des balles en caoutchouc. De la nourriture avariée et de l'eau non potable étaient servies aux détenus, qui n'ont à aucun moment pu parler à un avocat ou à un membre de leur famille.
Familles soulagées du retour
Erkia Palencia, mère d'Andry Palencia, un autre des Vénézuéliens emprisonnés, a entendu son fils lui raconter les agressions subies par lui et ses compatriotes. Désormais, « ils sont sortis de cet enfer », dit-elle, soulagée.
Le Venezuela fait lui-męme l'objet d'une enquęte pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale. L'opposition au gouvernement Maduro dénonce régulièrement les tortures dans les prisons vénézuéliennes et l'interdiction pour les détenus de recourir à un avocat de leur choix.
Examens médicaux en cours
Les migrants rapatriés font l'objet d'examens médicaux et n'ont pas encore retrouvé leurs familles. L'ONG Amnesty International a souligné que « beaucoup » d'entre eux « avaient obtenu de l'aide ou avaient déposé une demande d'asile » lors de leur migration, et « (risquaient) maintenant d'ętre arrętés arbitrairement », selon un communiqué.
Mercedes Yamarte a préparé une fęte pour accueillir son fils Mervin dans le quartier de Los Pescadores, à Maracaibo (ouest). Ballons, banderoles et nourriture sont pręts, mais elle ignore quand il arrivera.
Joie des retrouvailles
Mervin lui a téléphoné. « Cela faisait quatre mois et sept jours que je n'avais pas entendu la voix de mon fils, l'entendre a été une joie que je ne peux pas décrire », a déclaré Mercedes Yamarte à l'AFP.
Invoquant une loi de 1798 sur les ennemis de l'étranger rarement utilisée, les États-Unis avaient expulsé en mars, sans procès, ces 252 Vénézuéliens, accusés d'appartenir au Tren de Aragua, un gang criminel que Washington qualifie d'« organisation terroriste ».
Négociations avec Washington
Leur libération du Cecot a été le résultat d'une négociation avec les États-Unis. L'accord a été finalisé quelques heures à peine avant l'échange effectif vendredi, selon le gouvernement vénézuélien.
« Les négociations ont été uniquement avec les États-Unis, avec le gouvernement des États-Unis », a assuré dimanche le négociateur et président du Parlement vénézuélien, Jorge Rodriguez, à la chaîne officielle Telesur. « Il ne nous est jamais venu à l'esprit de parler au clown », a-t-il ajouté, faisant référence au président salvadorien, Nayib Bukele.
Libérations supplémentaires
Ce dernier « était le messager de ceux qui avaient organisé la présence de Vénézuéliens dans ce camp de concentration ». L'échange a inclus la libération de 80 autres Vénézuéliens détenus au Venezuela, considérés comme « prisonniers politiques » par les opposants au gouvernement de Nicolas Maduro.
Jorge Rodriguez a toutefois assuré que cette mesure coïncidait avec un processus de négociation interne parallèle.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.