Sébastien Lecornu s'appręte à vivre un moment décisif mardi avec sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale. Après des semaines de crise politique, le Premier ministre va présenter ses engagements à partir de 15h00, particulièrement scrutés sur la question des retraites.
La journée débutera par un Conseil des ministres à 10h00 à l'Élysée. La nouvelle équipe gouvernementale examinera les projets de budget de l'État et de la Sécurité sociale pour transmission au Parlement dans les délais.
L'enjeu crucial des retraites
Le Parti socialiste maintient une position ferme sur la réforme des retraites de 2023. "Nous demandons clairement la suspension immédiate et complète de la réforme", a martelé lundi le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, évoquant cette mesure adoptée sans vote par le recours au 49.3.
Cette question divise męme le camp présidentiel selon les sources gouvernementales. Certains refusent de voir détricoter un marqueur emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, tandis que d'autres espèrent une suspension pour sortir de la crise politique.
"Il faut bouger clairement sur les retraites et j'espère que le Premier ministre le fera demain", a estimé lundi le député macroniste Charles Sitzenstuhl. Sébastien Lecornu doit jongler entre ces attentes et sa priorité de "donner un budget à la France d'ici la fin de l'année".
Les socialistes au cœur du jeu politique
Les voix socialistes détiennent la clé de la censure gouvernementale. Leurs suffrages feraient presque assurément pencher la balance, qui nécessite 289 voix pour faire tomber l'exécutif.
Deux motions de censure ont déjà été déposées par LFI avec des alliés de gauche, et par la coalition RN-UDR d'Eric Ciotti. Le PS pourrait déposer sa propre motion mardi après le discours de politique générale.
Si l'ensemble de la gauche et l'alliance RN-UDR votaient la censure, seule une vingtaine de voix socialistes suffirait à renverser le gouvernement. "Est-ce que Faure tient le groupe ?" s'interroge un conseiller de l'exécutif.
Divisions internes et calculs politiques
Le porte-parole des députés socialistes Romain Eskenazi reconnaît des fractures au sein du groupe. "On a peut-ętre une douzaine, une dizaine de députés, qui voteront quand męme" la censure, męme si le groupe appelait à s'abstenir, a-t-il commenté sur LCP.
Il estime toutefois que des concessions sur "les retraites, le pouvoir d'achat et la fiscalité" pourraient épargner le gouvernement. "Je pense que la pente naturelle des députés est de dire +franchement, on sanctionne tout ça+", résume une source au sein du groupe socialiste.
Les députés PS se trouvent partagés, conscients que "les Français sont aussi fatigués" par la crise politique et "qu'ils nous demandent de nous entendre". Le parti espère décrocher d'autres victoires dans l'hémicycle au-delà de la question des retraites.
Marge de manœuvre budgétaire
L'objectif du projet de budget vise à maintenir le déficit en dessous des 5% du PIB, contre 4,7% initialement prévu. Cet assouplissement dégage une marge de neuf milliards d'euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions.
"Sur ces bases là, nous allons pouvoir réviser complètement la copie qui va ętre présentée en Conseil des ministres", a estimé lundi Olivier Faure. Cette marge financière pourrait constituer un atout dans les négociations politiques à venir.
L'opposition radicale maintient ses positions intransigeantes. "C'est le moment de vérité", a lancé lundi le patron du RN Jordan Bardella, tandis que Jean-Luc Mélenchon juge que le gouvernement "va évidemment tomber puisqu'il n'y a aucune possibilité de suspension des retraites avec les gens qui sont là-dedans".
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.