Le gouvernement syrien a annoncé dimanche la fin des combats à Soueida, reprise par les groupes druzes, une semaine après le déclenchement d'affrontements intercommunautaires sanglants dans cette ville du sud du pays. Les violences entre groupes druzes et bédouins sunnites qui ont éclaté le 13 juillet dans la région de Soueida ont fait 940 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation basée à Londres qui s'appuie sur un vaste réseau de sources à travers le pays.
« Soueida a été évacuée de tous les combattants tribaux, et les combats dans les quartiers de la ville ont cessé », a écrit sur Telegram le porte-parole du ministère syrien de l'Intérieur Noureddine Al-Baba. Près de 87.000 personnes ont été déplacées par ces affrontements, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.
Cessez-le-feu annoncé samedi
Samedi, le pouvoir syrien avait annoncé un cessez-le-feu dans la province de Soueida et commencé à y redéployer des forces dans l'objectif d'y rétablir la paix. Le gouvernement du président intérimaire Ahmad al-Chareh avait déjà déployé ses forces mardi à Soueida.
Il les avait toutefois retirées après des bombardements de plusieurs cibles du pouvoir à Damas par Israël, qui dit vouloir protéger la communauté druze et s'estimait menacé par la présence de forces gouvernementales syriennes dans cette région proche de sa frontière. Un cessez-le-feu a par la suite été conclu entre la Syrie et Israël, sous l'égide des États-Unis.
Combattants tribaux dans les rues
Samedi dans la journée, dans un quartier de la ville, des combattants tribaux, certains au visage masqué, tiraient avec des armes automatiques, selon des images de l'AFP. L'un des combattants avait le front ceint d'un bandeau noir portant la profession de foi de l'islam.
Un autre brandissait des ciseaux, utilisés pour taillader les moustaches des vieux druzes, insulte supręme pour ce peuple de fiers guerriers. Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a exhorté les autorités syriennes à « demander des comptes et traduire en justice toute personne coupable d'atrocités, y compris dans leurs propres rangs ».
Menace de l'État islamique
Les autorités syriennes doivent utiliser « leurs forces de sécurité pour empęcher l'État islamique et autres jihadistes violents d'entrer dans la région et d'y perpétrer des massacres », a-t-il écrit sur le réseau social X. Le groupe État islamique avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d'un « califat » transfrontalier en 2014.
Les forces kurdes syriennes soutenues par les États-Unis l'ont vaincu en 2019, mais les jihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien. Samedi, un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûlées et des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.
Retrait des combattants tribaux
« Les combattants tribaux se sont retirés de Soueida samedi soir », après une contre-offensive druze, mais continuaient à bombarder la ville, avait indiqué samedi l'OSDH. Ahmad al-Chareh, arrivé au pouvoir après avoir renversé le président Bachar al-Assad en décembre, a réaffirmé son engagement à protéger les minorités et salué « le rôle important joué par les États-Unis, qui ont confirmé leur soutien à la Syrie ».
Son ministère de l'Intérieur a annoncé dans le męme temps « le début du déploiement des forces de sécurité dans la province de Soueida (...) dans le but de protéger les civils et de mettre un terme au chaos ». Paris a appelé « l'ensemble des parties » à respecter « strictement » le cessez-le-feu annoncé par Damas et « à s'abstenir de toute action unilatérale ».
Communauté druze fragilisée
Israël, qui affirme vouloir défendre les druzes, une minorité ésotérique issue d'une branche de l'islam, était jusque-là opposé à la présence de telles forces dans cette région. Ces nouvelles violences intercommunautaires fragilisent un peu plus le pouvoir de Chareh, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Des affrontements avaient opposé en avril des combattants druzes aux forces de sécurité près de Damas et à Soueida, faisant plus de 100 morts. En mars, des massacres avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des membres de la communauté alaouite dont est issu Assad, après des affrontements dans l'ouest du pays, selon un bilan de l'OSDH.
Minorité implantée dans la région
Présente principalement à Soueida, la communauté druze de Syrie comptait avant la guerre civile quelque 700.000 personnes. Cette minorité est aussi implantée au Liban et en Israël.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.