L'Arabie saoudite a exécuté deux ressortissants éthiopiens pour trafic de drogue, a annoncé jeudi le ministère de l'Intérieur. Cette double exécution porte à au moins 101 le nombre total d'étrangers exécutés dans le royaume depuis le début de l'année, selon un décompte de l'Agence France-Presse (AFP).
Les Éthiopiens Khalil Qasim Mohammed Omar et Murad Yaqoub Adam Siyo ont été exécutés après avoir été « reconnus coupables de contrebande de cannabis », indique un communiqué du ministère publié par l'agence de presse saoudienne (SPA). Au total, 189 personnes ont été exécutées depuis début 2025, d'après un décompte de l'AFP, parmi elles 88 Saoudiens.
Record d'exécutions atteint rapidement
En 2024, le cap des 100 exécutions d'étrangers n'avait été franchi qu'en novembre dans le royaume du Golfe, l'un des pays au monde où la peine de mort est le plus appliquée. Selon un précédent décompte de l'AFP, au moins 338 personnes ont été exécutées l'an dernier, contre 170 en 2023, bien plus que le précédent record connu de 196 en 2022.
Le fait d'atteindre ce nombre avant la fin juillet marque, selon Amnesty International, une « escalade alarmante dans les exécutions, y compris de ressortissants étrangers condamnés pour des crimes liés à la drogue ». Dans un rapport publié lundi, l'organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains a précisé que « de janvier 2014 à juin 2025, l'Arabie saoudite avait exécuté 1.816 personnes, selon les dépęches de l'agence SPA, environ un tiers d'entre elles l'ont été pour des infractions liées à la drogue ».
Violations du droit international
Or, rappelle Amnesty, « le droit international et les normes internationales en matière de droits humains n'autorisent pas la peine de mort pour de tels crimes ». Toujours selon Amnesty, « sur cette période de dix ans, 597 personnes ont été exécutées pour des infractions liées aux drogues, dont environ 75% étaient des étrangers ».
Après un moratoire d'environ trois ans, les autorités saoudiennes ont repris fin 2022 les exécutions pour crimes liés aux stupéfiants. Kristyan Benedict, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty, a dénoncé « une tendance réellement terrifiante, où la peine de mort est appliquée à un rythme effréné contre des étrangers pour des infractions qui ne devraient jamais entraîner une telle sentence ».
Obstacles pour les étrangers
Amnesty souligne également que les étrangers font face à des obstacles supplémentaires pour bénéficier d'un procès équitable en Arabie saoudite, notamment en raison du manque de transparence du système judiciaire et de leur statut de non-ressortissants. L'organisation Reprieve, basée à Londres, a elle aussi dénoncé la semaine dernière « une hausse préoccupante » des exécutions liées à la drogue.
Reprieve souligne que les étrangers représentaient plus de la moitié des exécutions recensées en 2025, et que 93% d'entre eux avaient été condamnés pour des infractions en lien avec les stupéfiants. « Dans l'Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane, vous pouvez assister à une rave dans le désert, mais vous pouvez aussi ętre exécuté pour avoir fumé du haschisch », a affirmé Jeed Basyouni, responsable des projets relatifs à la peine de mort au Moyen-Orient pour Reprieve.
Contradiction avec l'image modernisée
« Les milliards dépensés pour promouvoir un royaume plus tolérant et inclusif sous le règne du prince héritier masquent un État autoritaire où les exécutions quotidiennes pour des délits liés à la drogue sont désormais la norme », a-t-il ajouté. Les militants des droits humains estiment que le maintien de la peine capitale ternit l'image du royaume, engagé dans un vaste programme de réformes baptisé Vision 2030.
Les autorités affirment quant à elles que la peine de mort est nécessaire au maintien de l'ordre public et qu'elle n'est appliquée que lorsque toutes les voies de recours ont été épuisées.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.