À l'heure où Pékin célèbre les 80 ans de la victoire sur le Japon, l'ancien combattant communiste Li Jinshui porte encore au tibia la cicatrice d'une blessure par balle reçue à 17 ans contre l'envahisseur japonais. Un grand défilé militaire est prévu le 3 septembre dans la capitale pour cet anniversaire, selon l'AFP. Sa blessure témoigne des sacrifices des combattants de Mao Zedong lors d'un conflit qui a décimé des millions de Chinois.
Selon de nombreux historiens, ce récit officiel occulte pourtant le fait que le mérite de la victoire de 1945 revient principalement à l'armée nationaliste, alors la principale force armée chinoise. Après la victoire contre le Japon en 1945, les troupes nationalistes dirigées par Tchang Kaï-chek ont toutefois perdu la guerre civile contre les communistes et se sont réfugiées en 1949 à Taïwan. Au pouvoir à Pékin depuis, le Parti communiste chinois (PCC) affirme avoir joué un rôle central contre l'armée japonaise.
Témoignages d'anciens combattants
"Le pays était en danger, tous les Chinois dotés d'une conscience se devaient de résister", raconte Li Jinshui, 98 ans, ancien de la Huitième armée de route communiste alors intégrée aux troupes nationalistes. Blessé à la jambe en 1944, il n'a pas attendu d'ętre complètement rétabli pour retourner au front. "C'était très dur", dit-il en dévoilant sa cicatrice lors d'un voyage de presse gouvernemental en juillet, "On n'était que des gamins."
Après 1937 et l'invasion à grande échelle de la Chine par le Japon, les communistes ont surtout mené des actions de guérilla dans le nord rural du pays, rappellent les historiens selon l'AFP. Wen Yunfu, 96 ans, défend la version officielle en affirmant que "le Kuomintang n'a pas joué de rôle majeur dans la guerre contre l'agression japonaise". "C'était surtout le Parti communiste", assure cet ancien combattant dont la ville du Hebei fut attaquée peu après l'invasion de 1937.
L'armée nationaliste a battu en retraite, laissant la zone sous contrôle communiste, raconte Wen Yunfu. "La vie était extręmement difficile", affirme-t-il. "Notre maison a été incendiée. Mon oncle a été tué par les Japonais." Pendant la guerre, communistes et nationalistes avaient suspendu leur guerre civile, mais elle a repris en 1945 jusqu'à la victoire du PCC en 1949.
Évolution de la reconnaissance historique
Ces dernières décennies, la contribution des non-communistes à la victoire a gagné en reconnaissance selon l'AFP. Le rôle du Kuomintang a été davantage mis en avant, comme celui des États-Unis avec leur escadrille des "Tigres volants" engagés contre les bombardiers japonais au début des années 1940. Dans la province du Hunan, un musée évoque l'implication américaine et un monument à Changsha rend hommage aux soldats nationalistes tombés.
Cette mémoire reste néanmoins sélective. Trois caractères chinois ont été effacés sur le monument de Changsha, a constaté l'AFP. Selon Ji Jianliang, historien officiel du PCC, il s'agit probablement du nom de Wang Tung-yuan, général de Tchang Kaï-chek devenu représentant de Taipei en Corée du Sud dans les années 1950, supprimé pour des "raisons politiques complexes".
Aujourd'hui, les autorités "cherchent les moyens de mettre davantage en avant le rôle des communistes", note l'historien Rana Mitter, spécialiste de la Chine. Mais si la contribution des communistes a été significative, "c'est le gouvernement chinois de l'époque qui a joué le premier rôle dans la résistance politique et militaire contre les Japonais, et c'était le gouvernement nationaliste", souligne-t-il.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.