Destinus projette une usine géante de drones militaires en France

Des drones intercepteurs conçus par la société européenne Destinus, présentés lors de la 8e édition du Salon européen des drones et des systèmes autonomes à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 14 octobre 2025. Christophe ARCHAMBAULT

Le fabricant de drones Destinus veut étendre sa production militaire en France pour atteindre une "échelle industrielle". L'entreprise dirigée par l'entrepreneur d'origine russe Mikhaïl Kokoritch, opposant au Kremlin, ambitionne de multiplier par dix sa production annuelle.

Destinus a fabriqué 10 000 "grands drones" cette année selon son PDG. "C'est un gros chiffre mais on doit passer à une échelle industrielle, pour arriver à 100.000 par an", a-t-il déclaré à l'AFP depuis le salon européen du drone à Bordeaux.

Projet d'usine géante

Le physicien sibérien en exil depuis 2012 considère la France comme l'un des "principaux candidats" pour accueillir son projet. Il envisage une "usine géante et automatisée" sur le modèle des "échelles de production de l'automobile", nécessitant plusieurs centaines de millions d'euros d'investissements.

"Nous prévoyons certainement de nous développer en France", assure Kokoritch. Destinus opère actuellement depuis Paris avec des usines d'assemblage en Espagne, Pays-Bas, Allemagne et Ukraine.

De l'hypersonique à la défense

Fondée en 2021 pour développer un avion autonome hypersonique à plus de 6 100 km/h, la société s'est rapidement réorientée vers la défense. Elle revendique désormais le statut de principal producteur européen de "grands drones d'attaque" pour l'Ukraine.

L'entrepreneur de 49 ans, qui a renoncé à la nationalité russe en 2024, considère le conflit ukrainien comme "une guerre" pour les "valeurs européennes". Destinus fournit à Kiev depuis 2023 des drones Lord capables d'embarquer des dizaines de kilos d'explosifs.

Arsenal diversifié

L'entreprise a développé plusieurs modèles spécialisés selon son fondateur. Les drones Ruta ressemblent à des missiles de croisière, tandis que les Hornet sont des intercepteurs qui "chassent" et "explosent" au contact des drones russes Geran-2.

Destinus travaille sur une version améliorée de ce drone antidrone, "plus rapide" et de "plus grande portée". La production devrait débuter "début d'année prochaine" avec un objectif de livraison mensuelle de "un millier" d'armes aériennes aux forces ukrainiennes.

Partenariats stratégiques

La société au chiffre d'affaires de 300 millions d'euros a racheté une start-up suisse d'intelligence artificielle cet été. Elle a également noué début octobre un partenariat avec l'industriel français Thales.

Ces alliances visent à améliorer les capacités d'emport et développer des modèles aéroportés largables depuis des avions de transport. L'objectif s'inscrit dans le projet européen de créer un "mur" antidrone d'ici 2027.

Menaces judiciaires russes

Selon l'agence TASS, une enquęte pour "participation à un groupe terroriste" vise Kokoritch en Russie. Elle inclut également l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski et le champion d'échecs Garry Kasparov, tous inscrits sur la liste des "terroristes et extrémistes".

"En Sibérie, on dit +Si tu as peur des loups, ne pars pas en foręt+. Si j'ai choisi d'aller en foręt, je ne peux pas organiser ma vie en ayant peur. Je n'y pense pas", balaye l'entrepreneur né en Bouriatie près de la frontière russo-mongole.

Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.