Les Français Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus en Iran depuis plus de trois ans, sont désormais inculpés pour « espionnage pour le Mossad », le service de renseignement extérieur israélien. Ils font également face à des accusations de « complot pour renverser le régime » et de « corruption sur terre », selon une source diplomatique occidentale et l'entourage des détenus.
« Nous avons été informés de ces accusations », a indiqué mercredi soir cette source diplomatique, ajoutant que ces accusations étaient « infondées ». Chacun de ces trois chefs d'inculpation est passible de la peine de mort.
Accusations révélées par un juge
« Tout ce qu'on sait, c'est qu'ils ont vu un juge qui a confirmé ces trois chefs d'inculpation », a déclaré Noémie Kohler, la sœur de Cécile. Elle déplore que les détenus « n'ont toujours pas accès à des avocats indépendants ».
Jusqu'à présent, l'Iran avait indiqué que les deux Français étaient accusés d'espionnage mais n'avait jamais révélé pour quel pays précisément. Téhéran n'a pas encore confirmé si de nouvelles accusations avaient été portées contre eux.
Bombardement de la prison d'Evine
La prison d'Evine, où étaient détenus jusque récemment les deux Français, a été bombardée par Israël le 23 juin, faisant 79 morts selon Téhéran. L'Iran a annoncé avoir déplacé depuis certains détenus, sans préciser lesquels.
« Ces motifs d'inculpation, s'ils sont confirmés, sont totalement infondés », a réagi une source diplomatique française. « Cécile Kohler et Jacques Paris sont innocents. Aucune sentence ne nous a été communiquée et à notre connaissance n'a été prononcée », a-t-elle ajouté.
Visite consulaire après les bombardements
Mardi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait annoncé que les deux Français, dont on était sans nouvelles depuis cette frappe, avaient reçu la visite d'un diplomate français. La visite consulaire s'est tenue à Bozorg, un pénitencier du sud de la capitale.
Cette rencontre a duré 35 minutes, « sous haute surveillance en présence de gardes », a précisé Noémie Kohler. « Pour la première fois, Cécile et Jacques étaient ensemble lors de cette visite (...) mais rien ne nous indique que ce soit leur lieu de détention » actuel.
Arrestation lors d'un voyage touristique
Cécile Kohler, professeure de lettres de 40 ans originaire de l'est de la France et son compagnon Jacques Paris, 72 ans, ont été arrętés le 7 mai 2022. Leur arrestation a eu lieu au dernier jour d'un voyage touristique en Iran.
Paris et les autres chancelleries européennes dont des ressortissants sont détenus en Iran accusent Téhéran de pratiquer la « diplomatie des otages ». Cette stratégie viserait à peser dans les discussions sur le nucléaire iranien et obtenir une levée des sanctions.
Conditions de détention traumatisantes
Lors du bombardement sur Evine, « ils ont entendu trois frappes qui ont fait trembler les murs de leur cellule », a raconté Noémie Kohler. « Ils ont vu des prisonniers, notamment des co-détenus de Jacques qui avaient été blessés (...) mais eux n'ont pas été blessés ».
Cécile Kohler a été transférée à la hâte avec d'autres prisonniers à la prison de Qarchak, où elle est restée 24 heures. Puis, « on lui a bandé les yeux et on l'a emmenée dans un autre lieu de détention qu'on ne connaît pas », selon sa sœur.
État psychique préoccupant
« Cécile ne dort plus depuis les bombardements (...) Elle a très peur que cela recommence », a poursuivi Noémie Kohler. Son dernier contact téléphonique avec sa sœur remonte au 28 mai.
Jacques Paris a été transféré dans un lieu également inconnu, « tout seul dans une cellule. Il n'a pas de meubles. Donc il continue à dormir à męme le sol ». Il ne dispose toujours pas de lunettes adaptées à sa vue et souffre énormément de l'absence de visibilité. Noémie Kohler s'est dite « extręmement inquiète sur leur état psychique », évoquant « ce double péril de mort (...) la reprise des bombardements et cette condamnation à mort qui leur pend au-dessus de la tęte ».
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.
