Le Dalaï Lama a confirmé mercredi qu'un successeur serait désigné à sa mort pour perpétuer sa fonction de chef spirituel de la communauté tibétaine. Cette décision très attendue s'attire immédiatement la riposte de la Chine qui exige d'approuver son nom.
« J'affirme que l'institution du Dalaï Lama sera perpétuée », a-t-il indiqué dans un message lu lors d'une réunion religieuse à McLeod Ganj, dans le nord de l'Inde, où il vit en exil. Sans surprise, la Chine a aussitôt réagi par la voix de Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Riposte immédiate de Pékin
« La réincarnation de grandes figures bouddhistes comme le Dalaï Lama et le Panchen Lama doit ętre désignée par tirage au sort et ensuite approuvée par le gouvernement central », a rappelé la diplomate chinoise. Cette position illustre le bras de fer entre le dirigeant tibétain et Pékin sur la question cruciale de sa succession.
Né le six juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de deux ans le quatorzième chef spirituel et politique des Tibétains. Il a été dûment identifié par la tradition bouddhiste comme la réincarnation de son prédécesseur.
Exil depuis 1959
Il a fui « sa » capitale Lhassa et la répression chinoise en 1959 et passe depuis l'essentiel de son temps dans un monastère de McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien. Lauréat en 1989 du prix Nobel de la paix, il incarne depuis dans le monde entier le combat pour la liberté du territoire himalayen.
La Chine, dont les troupes ont envahi le Tibet en 1950 et en ont fait une province chinoise, entend bien lui nommer un successeur à sa main. Cette question de succession fait l'objet d'un véritable bras de fer entre les deux parties.
Procédures traditionnelles revendiquées
« La responsabilité reposera exclusivement sur les membres du Ganden Phodrang Trust, le bureau de Sa Sainteté le Dalaï Lama », a rappelé mercredi le message du dirigeant tibétain. « Ils conduiront les procédures de recherche et de reconnaissance en accord avec la tradition passée », a-t-il insisté.
« Personne d'autre n'a l'autorité requise pour se męler de cette question », a-t-il ajouté. L'actuel Dalaï Lama, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, a déjà écarté à plusieurs reprises l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse ętre nommé par les Chinois.
Précédent du Panchen Lama
Il sera forcément « né dans le monde libre », a-t-il promis publiquement. « Rien n'a changé en ce qui concerne l'implication de la Chine, le sujet n'a pas été évoqué en détail », a précisé devant la presse Samdhong Rinpoche, représentant du bureau du Dalaï Lama.
En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de six ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan. Elle avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le « faux Panchen ».
Réjouissances dans la communauté tibétaine
Le défi lancé à la Chine par le Dalaï Lama a réjoui mercredi la communauté tibétaine. « Nous nous opposons résolument à toute interférence ou tentative de la Chine d'installer un Dalaï Lama fantoche », a souligné auprès de l'Agence France-Presse (AFP) un Tibétain en exil, Jigme Taydeh.
« Cette décision donne à la communauté internationale l'occasion historique d'envoyer un message fort à Pékin et à tous les régimes autoritaires », a renchéri une partisane de l'autonomie du Tibet, Chemi Lhamo, 30 ans. « Je n'ai aucun doute sur le fait que notre combat pour la vérité et la justice finira par l'emporter », a ajouté cette femme, exilée aux États-Unis.
Messages du Tibet
Męme si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait ętre le dernier, une majorité de Tibétains était favorable à la poursuite du « cycle de la réincarnation ». Dans son message, il a fait état mercredi des nombreuses sollicitations de sa communauté en faveur de la prolongation de sa charge.
« J'ai reçu en particulier, par divers moyens, de nombreux messages de Tibétains du Tibet répétant ce męme appel », a-t-il indiqué. Au nom de son bureau, Samdhong Rinpoche a précisé qu'aucune autre instruction n'avait pour l'heure été donnée sur la procédure de nomination.
Situation actuelle du dirigeant
« Elles ne sont pas nécessaires à cette heure », a indiqué Rinpoche lors d'une conférence de presse, « Sa Sainteté le Dalaï Lama est actuellement en pleine forme ». En 2011, le Dalaï Lama avait renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement en exil.
Les festivités organisées pour son 90e anniversaire se poursuivent jusqu'à la fin de la semaine.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.