François Bayrou se trouve dans une position délicate pour faire adopter son plan de rigueur budgétaire et éviter la censure à l'automne. Le gouvernement mise cependant sur des négociations possibles avec les socialistes pour trouver un compromis.
Au lendemain des annonces choc du Premier ministre, incluant la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, ses fidèles continuent de défendre un effort « indispensable » et « équitablement réparti ». Ce plan vise à réaliser 43,8 milliards d'euros d'« économies » en 2026.
Soutien présidentiel mais critiques
« Ce n'est pas un plan de rigueur mais un budget qui est rigoureux pour ne pas ętre dans les mains des marchés financiers », a répété le chef de file du MoDem Marc Fesneau. Lors du conseil des ministres, le locataire de Matignon a reçu le soutien du président Emmanuel Macron, saluant un plan qui a « la vertu du courage, de l'audace et de la lucidité ».
Mais les alliés du Premier ministre au sein du socle commun restent soit discrets - aucune réaction de Gabriel Attal (Renaissance) à ce stade - soit carrément critiques. « Quasiment rien dans ce que propose François Bayrou ne règle le problème », a tranché, sévèrement, Édouard Philippe (Horizons) dans un entretien au journal Le Parisien.
Réserves des Républicains
Le soutien du président des députés LR est aussi des plus réservés. Le plan a « le mérite de chercher des solutions » mais il doit ętre « corrigé et amélioré » en s'attaquant à l'assistanat et aux dépenses liées à l'immigration, a jugé Laurent Wauquiez.
« Le Sénat ne peut accepter l'effort demandé (5,3 milliards d'euros) aux collectivités locales », a commenté à l'AFP l'entourage de Gérard Larcher qui ne veut pas que l'effort excède 2 milliards. Enfin, rien ne semble trouver grâce, ni au RN ni chez LFI.
Menaces de censure
Dès mardi, Marine Le Pen a agité la censure si le gouvernement « ne revoit pas sa copie » de fond en comble. « François Bayrou s'est assis sur la catapulte et veut couper la corde. Les Français font des efforts, les migrants et les étrangers, jamais », a dénoncé mercredi le porte-parole du RN, le député Julien Odoul.
Chez LFI, le président de la commission des Finances, Éric Coquerel, veut censurer « au plus vite ce budget trumpiste inégal et injustice » et attend « évidemment les socialistes au rendez-vous ». Aucune censure ne pourra en effet ętre votée sans le PS.
Espoir de compromis socialiste
Le gouvernement veut croire qu'il existe un « compromis » possible comme ce fut le cas pour le budget 2025. « Nous allons discuter avec tous les partis. Évidemment, il y a probablement davantage de possibilités de parvenir à un accord avec le Parti socialiste », a reconnu le ministre de l'Économie Éric Lombard.
Ce sont « des gens raisonnables », « j'espère qu'ils viendront discuter, feront des propositions », a appuyé son collègue à la Justice Gérald Darmanin. Mais si le PS n'a pas fermé la porte à une discussion, il ne l'a pas ouverte non plus.
Positions socialistes fermes
« Les propositions du gouvernement ne sont pas acceptables et n'offrent pas de base de négociation », a prévenu le chef de file des députés Boris Vallaud, dénonçant un « musée des horreurs libérales ». Les socialistes entendent discuter sur la base de leurs propres propositions, qu'ils comptent faire d'ici à la rentrée.
Avec notamment leur revendication de la taxe Zucman, qui consiste à imposer à hauteur de 2 % le patrimoine des milliardaires. Mais le gouvernement ne veut pas de cette taxe « extręmement injuste » et qui entraînerait « une fragilisation de notre système économique », selon sa porte-parole Sophie Primas.
Stratégie temporelle du gouvernement
Il se contente de maintenir la contribution différentielle sur les hauts revenus, mise en place dans la loi de finances 2025, et de proposer des « mesures complémentaires contre l'optimisation abusive des patrimoines non productifs ». Pour arriver à un accord, le gouvernement mise sur le temps, les discussions budgétaires ne démarrant qu'en octobre.
« On a devant nous beaucoup de temps, ce qui est une chance. Nous ne voulons pas que ce compromis ressemble à une entente de couloir. Nous voulons que le débat se fasse avec et devant les Français », a plaidé la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin. Mais le temps peut jouer dans les deux sens.
Mobilisation syndicale annoncée
Côté syndical, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a ainsi appelé à la « mobilisation » à la rentrée « pour empęcher ces régressions sociales ».
(AFP/Paris) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.