L'administration Trump bouleverse les traditions économiques américaines en prenant des participations dans des entreprises privées. Cette approche interventionniste marque une rupture avec le libéralisme économique historique des États-Unis.
Le gouvernement fédéral envisage d'entrer au capital de Lithium Americas, spécialisée dans l'extraction de lithium. Cette démarche s'ajoute aux prises de participation estivales dans le fabricant de semi-conducteurs Intel et la société minière MP Materials.
Droits de blocage gouvernementaux
Trump a également négocié une "golden share" dans le groupe métallurgique US Steel lors de sa vente au japonais Nippon Steel. Cette action préférentielle perpétuelle accorde au gouvernement américain un droit de blocage sur les décisions stratégiques.
La Maison Blanche présente ces accords comme bénéfiques pour les contribuables, mettant en avant les compétences de négociateur du président. L'administration assure que la gestion quotidienne reste entre les mains des entreprises concernées.
Critiques du libre marché
Les défenseurs du marché libre expriment leurs inquiétudes face à cette tendance interventionniste. "Cela nuit à la concurrence", analyse Fred Ashton de l'American Action Forum, qui considère que l'intervention étatique favorise certains groupes au détriment d'autres moins connectés politiquement.
Traditionnellement, le gouvernement américain établit les règles pour le secteur privé puis se retire, laissant les entreprises réagir aux signaux du marché. Selon le Wall Street Journal, la Maison Blanche aurait récemment utilisé sa "golden share" pour maintenir une usine US Steel de l'Illinois en activité.
"Le président aime le succès, il semble donc impossible que le gouvernement laisse (des) entreprises dépérir", estime Fred Ashton. Pour Charles Elson de l'Université du Delaware, "le gouvernement n'a pas pour mission de choisir les gagnants et les perdants".
Rupture historique
Les interventions gouvernementales dans le capital privé ne sont pas inédites aux États-Unis. Lors de la crise financière de 2008, l'État avait pris des participations dans l'assureur AIG et les constructeurs General Motors et Chrysler.
Cependant, le Trésor américain avait revendu ces actions une fois la crise terminée, reflétant un consensus bipartisan. Michael Strain de l'American Enterprise Institute souligne que tous les présidents de Ronald Reagan à Barack Obama ont respecté le libéralisme économique.
"Obama aurait ri aux éclats à l'idée que le gouvernement prenne une participation dans une entreprise du secteur industriel", écrit Strain dans une chronique. L'ex-président "comprenait que dans le système capitaliste démocratique américain, le gouvernement ne possède pas et ne fait pas pression sur les entreprises privées".
Capitalisme de connivence
Michael Strain prédit une "augmentation massive du capitalisme de connivence" favorisant les entreprises proches du pouvoir. Néanmoins, il estime que les effets resteront trop limités pour transformer significativement le système américain.
Le comportement de Trump pourrait influencer les stratégies d'entreprise, selon Fred Ashton. Des informations de presse évoquent une possible entrée d'Apple au capital d'Intel après la visite de Tim Cook à la Maison Blanche en août.
"La situation est devenue très confuse", note Ashton. "Nous ne savons pas s'il s'agit d'une décision purement commerciale" ou d'une volonté de "satisfaire la Maison Blanche". Trump a par ailleurs signé jeudi un décret encadrant la cession des activités américaines de TikTok à plusieurs de ses riches soutiens.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.