De nouveaux affrontements entre le Cambodge et la Thaïlande à leur frontière disputée ont fait au moins trois blessés civils jeudi côté thaïlandais, selon Bangkok. Cette escalade militaire constitue la plus grave en près de quinze ans entre les deux pays.
L'armée thaïlandaise a accusé le Cambodge d'avoir lancé deux roquettes BM-21 qui ont blessé trois civils dans un village frontalier de la province de Surin, dans le sud-est du pays. Des échanges de tirs ont éclaté jeudi matin autour de deux anciens temples datant de l'époque d'Angkor, entre les neuvième et quinzième siècles.
Accusations mutuelles d'agression
Les combats se sont déroulés au niveau de la province thaïlandaise de Surin et de celle cambodgienne d'Oddar Meanchey, selon une source gouvernementale cambodgienne. Les deux armées se sont mutuellement accusées d'avoir ouvert le feu en premier.
« Vers 8h20, les forces cambodgiennes ont ouvert le feu en direction du flanc est du temple Prasat Ta Muen Thom, à environ 200 mètres de la base thaïlandaise », a annoncé l'armée thaïlandaise dans un communiqué. La Thaïlande a également accusé le Cambodge d'avoir utilisé un drone sur le site contesté vers 7h35.
Escalade des tensions frontalières
Six soldats cambodgiens armés, équipés notamment d'un lance-grenades, se sont par la suite approchés d'une clôture barbelée, selon l'armée thaïlandaise. Les troupes thaïlandaises ont crié dans leur direction pour éviter un affrontement, a-t-elle affirmé.
« L'armée thaïlandaise a violé l'intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes », a indiqué de son côté Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. « Les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit de légitime défense, en pleine conformité avec le droit international, pour repousser l'incursion thaïlandaise », a-t-elle poursuivi.
Relations diplomatiques au plus bas
L'ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays « le plus tôt possible ». Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est s'opposent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie du temps de l'Indochine française.
La crise actuelle est la plus grave depuis près de quinze ans. La mort d'un soldat cambodgien lors d'échanges de tirs en pleine nuit, fin mai, dans une autre zone disputée de la frontière surnommée le « Triangle d'émeraude », a mis le feu aux poudres entre Bangkok et Phnom Penh.
Rupture diplomatique complète
Le Cambodge a indiqué jeudi avoir rétrogradé au « plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin. Les deux pays ont drastiquement réduit leurs échanges économiques et diplomatiques.
La veille, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé celui cambodgien de son territoire. Cette décision fait suite à l'incident où un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.
Controverse sur les mines terrestres
Une enquęte de l'armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines terrestres à la frontière, selon les autorités thaïlandaises. Le Cambodge a rejeté ces accusations et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de « guerres du passé ».
Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a déclaré jeudi que « la situation exigeait une gestion prudente » et « d'agir conformément au droit international ». « Nous ferons de notre mieux pour protéger notre souveraineté », a-t-il déclaré.
Conséquences économiques et politiques
Les tensions ont conduit le Cambodge à suspendre l'importation de certains produits thaïlandais, et la Thaïlande à restreindre les déplacements aux points de passage à la frontière. Elles ont également provoqué de manière indirecte la suspension de la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra.
Cette suspension fait suite à un scandale provoqué par la fuite, côté cambodgien, d'un appel avec Hun Sen, qui a gouverné le Cambodge pendant près de quarante ans. Accusée de manquements à l'éthique, Paetongtarn attend la décision de la Cour constitutionnelle qui peut la destituer.
Service militaire obligatoire annoncé
Côté cambodgien, le Premier ministre Hun Manet, le fils de Hun Sen, a récemment annoncé la mise en place à partir de 2026 d'un service militaire obligatoire. Il souhaite qu'il soit de 24 mois pour tous les jeunes âgés de 18 à 30 ans.
L'épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011. Ces combats avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés.
suy-ah/roc Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.