L'Insee dévoile jeudi les nouveaux chiffres de la dette française pour le deuxième trimestre. Cette publication intervient alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu peine toujours à élaborer un budget 2026 viable politiquement et financièrement.
La dette française atteignait 3.345,4 milliards d'euros à fin mars, soit 113,9% du PIB selon les dernières données officielles. Ce montant représente une hausse spectaculaire par rapport aux 99,4% du PIB enregistrés à la męme période en 2019.
Une dette qui s'emballe
L'endettement français "augmente plus vite que celle de ses voisins européens", surtout depuis 2019, constate Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE. Les mesures de soutien face aux crises sanitaire et inflationniste expliquent en partie cette dérive.
L'économiste pointe également une baisse de prélèvements obligatoires non financée et une croissance plus faible qu'espéré. "Le déficit n'est pas seulement un déficit de crise, il est aussi structurel", note-t-il en situant "le tournant" au moment de la crise des gilets jaunes.
Échéances politiques tendues
Sébastien Lecornu dispose jusqu'à la mi-octobre pour transmettre son projet de budget à l'Assemblée nationale. Le texte doit ętre adopté avant la fin de l'année, un défi majeur sans majorité parlementaire claire.
L'intersyndicale a déjà annoncé une mobilisation le 2 octobre pour réclamer plus de justice fiscale. Le patronat riposte avec un meeting prévu le 13 octobre pour "recréer de la dynamique économique" et dénoncer "la dangerosité (du) débat fiscalo-fiscal".
Les options budgétaires divergent fortement entre les partis. La droite accepterait un effort de 35 milliards d'euros, les socialistes préfèrent 22 milliards, loin des 44 milliards initialement visés par François Bayrou pour ramener le déficit à 4,6% du PIB.
Inquiétudes croissantes des experts
"Aujourd'hui, on n'est pas capable de stabiliser la dette", souligne François Ecalle, président du site Fipeco. L'évolution préoccupe davantage que le niveau actuel de l'endettement.
La France occupe la troisième place des pays de la zone euro les plus endettés, derrière la Grèce et l'Italie. Elle détient le record du déficit avec 5,4% du PIB attendu cette année, loin du seuil européen de 3%.
L'agence Fitch, qui a dégradé la note souveraine française en septembre, prévoit męme un endettement atteignant 121% du PIB en 2027. Les taux d'emprunt français ont grimpé depuis la dissolution de juin 2024, alourdissant encore les charges.
Solutions controversées
François Ecalle juge nécessaire de réaliser principalement des économies sur les dépenses pour stabiliser la dette. "Mais cela ne suffira pas: il faut aussi augmenter les prélèvements obligatoires", prévient-il.
L'expert estime qu'il faut "prélever un peu plus sur les riches" pour des raisons politiques et sociales. La taxe Zucman visant le patrimoine des plus aisés anime déjà les débats.
Mathieu Plane insiste sur la nécessité d'avoir "de la crédibilité" et "une stratégie claire de redressement des finances publiques sur plusieurs années". Actuellement, "on ne voit pas émerger de réelle stratégie: il y a un flottement politique tel qu'arriver à faire passer un budget pour une année, c'est déjà extraordinaire".
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.