L'ancien numéro deux de Lafarge, Christian Herrault, a affirmé jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris que les autorités diplomatiques françaises étaient parfaitement informées des paiements versés par le groupe aux groupes armés syriens, y compris à l'organisation État islamique. Cette défense frontale intervient après deux semaines d'audience consacrées aux versements de Lafarge Cement Syria (LCS) aux rebelles.
Herrault a détaillé plusieurs échanges avec l'ancien ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier. En septembre 2012, lors d'une rencontre en personne, Chevallier lui aurait dit «en me raccompagnant (...) il dit: +vous savez, vous ne devriez pas partir parce que ça ne va pas durer». En décembre 2012, Herrault affirme lui avoir parlé du «racket des milices». Un an plus tard, il prétend avoir informé l'ambassadeur par téléphone : «je lui dis +maintenant il y a Daech - autre nom de l'EI, ndlr - dans notre paysage et il participe maintenant au racket».
La procureure exprime son scepticisme
La représentante du parquet national antiterroriste, Aurélie Valente, a réagi avec ironie à ces révélations. «Il me semble que nous avons aujourd'hui un scoop», a-t-elle lancé, s'étonnant que Herrault n'ait pas «évoqué ces éléments de manière claire» lors de l'instruction. Elle a critiqué cette ligne de défense : «Finalement, votre ligne de défense maximale, qui prend finalement trop de place, elle repose uniquement sur vous et sur deux moments».
Herrault s'est défendu en affirmant : «Je dis que Lafarge subit un racket, je pense que c'est assez clair, j'allais pas décliner tous les gens qui nous rackettaient». Il a interprété la position de Chevallier comme une priorité absolue : «Moi j'interprète que tout est bon pour sortir Bachar». Selon lui, «si c'est transitoire, on peut accepter pendant quelques mois de payer».
Un collègue confirme sans preuves formelles
Bruno Pescheux, ancien directeur de Lafarge Cement Syria, a également témoigné jeudi. Interrogé par Valente sur une éventuelle approbation française des paiements aux groupes armés, il a répondu : «Je ne peux pas répondre avec certitude à cette question». Il a toutefois ajouté : «J'ai pu comprendre qu'il avait rencontré Eric Chevallier et qu'Eric Chevallier était parfaitement au courant de la situation».
Pescheux a évoqué «les contacts réguliers» entre le directeur de la sécurité du groupe et les services de renseignement. «A titre personnel ça me confortait dans le fait que l'Etat était à nos côtés», a-t-il déclaré. Questionnée sur l'absence de traces écrites de cette position dans les nombreux emails du dossier, il a simplement répondu : «Je ne sais pas».
La défense s'appuie également sur le témoignage du journaliste Georges Malbrunot, spécialiste du Moyen-Orient, entendu fin novembre. Il avait déclaré : «Si le groupe Lafarge a pu commettre des maladresses, les autorités françaises ne lui ont pas demandé de quitter la Syrie parce qu'elles étaient convaincues que Bachar al-Assad allait tomber».
Visiblement ému en fin d'audience, Herrault a conclu : «On n'est pas restés pour vendre du ciment». Il a décrit l'usine du désert syrien comme «un investissement qui a une utilité sociale, c'est vraiment un investissement pour le pays». Le procès doit se terminer le 19 décembre.
Note : Cet article a été créé avec l'Intelligence Artificielle (IA).





