Lundi soir dans le village de Ntoyo, dans l'est de la République démocratique du Congo, des hommes armés ont surgi de la foręt alors que les habitants s'apprętaient à assister à des funérailles. Les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) ont commis deux massacres dans la nuit de lundi à mardi, tuant au moins 89 personnes selon des sources locales et sécuritaires rapportées par l'AFP.
"Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats", raconte Jean-Claude Mumbere, 16 ans, survivant de l'attaque à Ntoyo. Ce bilan constitue l'un des plus lourds dans une région pourtant victime depuis 30 ans de multiples groupes armés et conflits.
Les ADF, groupe armé né en Ouganda qui a pręté allégeance à l'État islamique, sont connus pour leur extręme violence envers les civils. Plus de 170 civils ont été tués par cette organisation depuis juillet dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu selon un décompte de l'AFP. Plus au sud, des affrontements se poursuivent entre l'armée congolaise et le groupe M23, soutenu par le Rwanda.
Témoignages des survivants
"Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires", se souvient le jeune Jean-Claude Mumbere, venu assister mercredi aux funérailles de sa sœur. Le survivant a été touché par une balle pendant sa fuite et affirme : "Ce n'est qu'après m'ętre caché dans la foręt que j'ai réalisé que je saignais."
Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu selon l'AFP. Il a fui avec sa femme et ses enfants à travers les bananeraies pour se réfugier dans la foręt voisine. "Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi", témoigne-t-il.
Mercredi, Ntoyo et ses 2500 habitants n'était plus qu'un village fantôme, la plupart des survivants s'étant réfugiés dans l'agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps, battus par une forte pluie.
Critiques contre les autorités
Des volontaires ont creusé des tombes et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Parmi les proches venus aux funérailles, Anita Kavugho pleurait devant la tombe de son oncle, mort "à cause de l'inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes", selon ses mots rapportés par l'AFP.
Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l'attaque, mais les renforts stationnés à environ 7 km sont arrivés trop tard. "C'est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n'arrivent pas à intervenir", déplore amèrement Didas Kakule.
Le déploiement de l'armée ougandaise aux côtés de l'armée congolaise depuis 2021 n'a pas permis de mettre fin aux exactions des ADF. Le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l'armée congolaise dans la région, explique que les ADF "se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières", une stratégie pour attirer les militaires loin de leurs bases selon des sources sécuritaires.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.