La Cour supręme américaine examine mercredi une loi emblématique de 1965 sur les droits civiques, dont l'affaiblissement pourrait durablement renforcer la majorité républicaine au Congrès. Les neuf juges, majoritairement conservateurs, scrutent un recours contre le découpage électoral de la Louisiane, État où un tiers de la population est afro-américaine.
Le débat porte sur le "gerrymandering" racial, pratique consistant à redessiner les frontières des circonscriptions selon des critères ethniques. Bien que la Cour ait autorisé en 2019 le découpage partisan pour des raisons politiques, elle maintient l'interdiction quand les motivations sont raciales.
Création contestée d'une circonscription
Les autorités républicaines de Louisiane ont dû créer une seconde circonscription à majorité afro-américaine, conformément au Voting Rights Act. Cette nouvelle carte découpe le territoire selon Michael Dimino, professeur à l'Université Widener : "s'étend en diagonale sur environ 400 km de Shreveport, dans le coin nord-ouest, jusqu'au sud-est de l'État, à Baton Rouge, pour englober suffisamment d'électeurs noirs afin qu'ils y constituent une majorité."
Un groupe d'électeurs blancs conteste cette circonscription qu'ils jugent discriminatoire. Un tribunal leur a donné raison, estimant que le facteur racial avait prédominé dans le tracé, ce qui pourrait rendre la loi inconstitutionnelle.
Héritage des droits civiques en péril
Le Voting Rights Act fut adopté en 1965 après la répression violente de manifestations pour les droits civiques en Alabama. Cette loi historique visait à empęcher les anciens États ségrégationnistes du Sud de priver les Afro-Américains du droit de vote.
Depuis dix ans, la majorité conservatrice de la Cour supręme a déjà largement vidé cette loi de sa substance. Sophia Lin Lakin de l'ACLU met en garde : "Sans cette loi, il n'y aura plus, ou très peu de garanties contre un démantèlement de tous les progrès accomplis depuis 1965 et contre un potentiel retour aux conditions d'avant la promulgation du Voting Rights Act."
Enjeux électoraux majeurs
Une invalidation de la loi permettrait aux républicains d'obtenir 19 sièges supplémentaires "sûrs" à la Chambre des représentants. Selon un rapport d'organisations de défense des droits civiques, ce gain serait "assez pour consolider le contrôle d'un seul parti pour au moins une génération."
À un an des élections de mi-mandat, les républicains ne disposent que d'une courte majorité à la Chambre. Les démocrates espèrent la reconquérir pour faire obstacle au programme du président Donald Trump, dans un contexte de bataille acharnée pour le redécoupage électoral au Texas et en Californie.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.