L'Iran a officiellement suspendu mercredi sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), après avoir multiplié les accusations à son encontre depuis la récente guerre avec Israël. Le 25 juin, au lendemain du cessez-le-feu imposé par Donald Trump après 12 jours de guerre, le Parlement iranien avait voté massivement un projet de loi qui suspend la coopération avec cette agence de l'ONU chargée de la sûreté nucléaire.
Le texte est entré en vigueur mercredi après avoir été promulgué par le président iranien Massoud Pezeshkian. Cette décision marque une escalade majeure dans les tensions nucléaires internationales.
Israël appelle aux sanctions
Cette décision a provoqué la colère d'Israël, ennemi de l'Iran depuis la Révolution islamique de 1979. Le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar a appelé le monde à « utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes ».
Il a appelé l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les trois pays européens signataires avec la Chine et les États-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, à « rétablir toutes les sanctions contre l'Iran », « maintenant ». Cet accord était devenu caduc après le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et l'Iran avait alors commencé à s'affranchir de ses obligations.
Berlin dénonce un signal désastreux
Berlin a qualifié mercredi de « signal désastreux » la décision iranienne, « essentielle pour une solution diplomatique » sur le nucléaire. Affirmant que la République islamique était près de fabriquer l'arme nucléaire, Israël avait lancé le 13 juin une attaque massive contre ce pays, frappant des centaines de sites nucléaires et militaires.
L'Iran, qui dément vouloir se doter de la bombe atomique mais défend son droit à enrichir de l'uranium à des fins civiles, a riposté avec des tirs de missiles et de drones sur Israël. Les bombardements ont fait au moins 935 morts en Iran, selon un bilan officiel, tandis qu'en Israël, 28 personnes ont été tuées par les tirs iraniens.
Enrichissement d'uranium au cœur des tensions
La loi promulguée mercredi vise à « assurer un plein soutien aux droits de la République islamique d'Iran » et « en particulier à l'enrichissement de l'uranium » en vertu du Traité de non prolifération (TNP), selon les médias iraniens. La question de l'enrichissement est au cœur des désaccords entre l'Iran et les États-Unis, qui avaient engagé en avril des pourparlers indirects, interrompus par la guerre.
L'Iran a adhéré en 1970 au TNP, qui garantit l'usage pacifique de l'énergie atomique, mais a commencé à préparer le terrain d'un éventuel retrait durant l'offensive israélienne. Selon l'ambassadeur iranien à Vienne Reza Najafi, cette offensive « a porté un coup irréparable » à ce pacte de non-prolifération.
Inspecteurs privés d'accès
Le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi avait souligné le 26 juin que la coopération de l'Iran avec cette agence était « une obligation juridique, pour autant que l'Iran reste un pays signataire » du TNP. Le texte de loi ne précise pas quelles mesures concrètes pourrait entraîner la suspension de la coopération avec l'AIEA, dont les inspecteurs n'ont pas eu accès aux stocks d'uranium iraniens depuis le 10 juin.
Selon le député Alireza Salimi, cité par l'agence Isna, les inspecteurs auront désormais besoin de l'accord du Conseil supręme de sécurité nationale pour accéder aux sites. L'ambassadeur iranien à l'ONU Amir Saeid Iravani avait déclaré dimanche sur la chaîne américaine CBS que des inspecteurs se trouvaient « en sécurité » en Iran mais que « leurs activités ont été suspendues et qu'ils n'étaient pas autorisés » à se rendre sur les sites.
Critiques contre l'AIEA
Des responsables iraniens avaient vivement dénoncé ce qu'ils appellent le « silence » de l'AIEA face aux bombardements israéliens et américains sur les sites nucléaires de l'Iran. Téhéran avait aussi critiqué l'agence pour une résolution adoptée le 12 juin, à la veille des premières frappes israéliennes, qui accusait l'Iran de non respect de ses obligations dans le domaine nucléaire.
Des responsables iraniens avaient affirmé que cette résolution était l'une des « excuses » pour l'attaque israélienne. L'Iran a en outre rejeté une demande de Rafael Grossi de visiter ses installations nucléaires bombardées, afin de pouvoir établir ce qu'il est advenu de son stock d'uranium enrichi à un niveau proche du seuil de conception d'une bombe atomique.
Capacités techniques préservées
Grossi a estimé que l'Iran disposait des capacités techniques pour recommencer à enrichir de l'uranium d'ici « quelques mois ». Le 27 juin, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait dénoncé les « intentions malveillantes » du chef de l'AIEA.
En soutien à l'offensive israélienne, le président américain Donald Trump avait envoyé dans la nuit du 21 au 22 juin des bombardiers frapper le site souterrain d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et les installations nucléaires à Ispahan et Natanz, dans le centre de l'Iran. L'étendue des dommages portés à ces installations reste cependant incertaine.
(AFP/Paris) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.