De récents heurts devant un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile au Royaume-Uni suscitent les craintes d'un nouvel embrasement estival. Ces incidents surviennent un an après les émeutes anti-immigration qui ont secoué le pays.
Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis la semaine dernière devant le Bell Hotel à Epping, au nord-est de Londres. Ces rassemblements font suite à la mise en examen début juillet d'un résident de l'établissement, un demandeur d'asile éthiopien, pour agressions sexuelles.
Violences contre les forces de l'ordre
Certains rassemblements ont dégénéré en violences, qui ont fait huit blessés parmi les forces de l'ordre. Dix-huit personnes ont été arrętées, dont sept ont été inculpées.
La présidente de la Fédération de la police, Tiff Lynch, tire la sonnette d'alarme. Pour elle, cet épisode « n'est pas qu'un incident isolé inquiétant ».
Signal d'alarme selon la police
« C'est un signal, un rappel de la facilité avec laquelle les tensions peuvent éclater, et de notre manque de préparation pour y faire face », a averti la responsable de ce syndicat jeudi dans le Daily Telegraph. Le gouvernement travailliste de Keir Starmer assure toutefois ętre « préparé pour faire face à toutes les situations ».
Le ministre du Commerce, Jonathan Reynolds, qui s'exprimait jeudi sur Sky News, a dit « comprendre les frustrations » exprimées à propos de l'utilisation d'hôtels pour héberger les demandeurs d'asile. Il a souligné que le nombre d'hôtels logeant des migrants avait diminué de 400 à 200, ces établissements étant coûteux pour les finances publiques.
Farage évoque la désobéissance civile
Au Royaume-Uni, où les arrivées de migrants à bord de petites embarcations ont atteint un niveau record depuis le début de l'année, le parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage est en tęte des sondages d'opinion depuis plusieurs mois. « Je ne pense pas que quiconque à Londres réalise à quel point nous sommes proches d'une désobéissance civile à grande échelle dans ce pays », a affirmé Nigel Farage, figure du Brexit, lundi lors d'une conférence de presse.
À Epping, la sécurité a été renforcée autour de l'hôtel, barricadé. Une nouvelle manifestation, rassemblant des dizaines de personnes, a eu lieu jeudi soir dans le calme.
Le conseil local demande la fermeture
En fin de journée, le conseil local a voté une motion pour demander au gouvernement de ne plus héberger de demandeurs d'asile dans cet hôtel. Plusieurs habitants de cette ville pavillonnaire paisible de 12.000 âmes ont confié à l'AFP cette semaine se sentir « mal à l'aise » face aux récents incidents.
« Il n'y a jamais eu de problème ici, c'est la première fois que ça arrive », explique un retraité qui préfère garder l'anonymat, vivant à une centaine de mètres de l'hôtel visé par les manifestations. « Le problème ne vient pas de l'hôtel, mais des gens venus de l'extérieur qui se servent de cette affaire pour faire avancer un agenda politique extręme », juge ce dernier.
Coordination via les réseaux sociaux
Le politologue britannique Aurelien Mondon, spécialiste de l'extręme droite, estime aussi qu'« un bon nombre des manifestations auxquelles nous assistons ne sont pas le fruit de mouvements implantés localement ». « Les réseaux sociaux facilitent la coordination entre les groupes d'extręme droite », analyse cet enseignant à l'université de Bath.
« Malheureusement, nous risquons de voir davantage d'émeutes racistes cet été », craint-il. Lundi, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté à Diss, dans l'est de l'Angleterre, pour réclamer la fermeture d'un autre hôtel hébergeant des demandeurs d'asile.
Autres incidents récents
Début juin, la ville de Ballymena, en Irlande du Nord, a connu plusieurs nuits de violences xénophobes après l'inculpation de deux adolescents, roumains selon la presse, pour tentative de viol d'une jeune fille. L'influenceur d'extręme droite Tommy Robinson, suivi par 1,3 million de personnes sur X, a brièvement annoncé sa présence à une nouvelle manifestation dimanche à Epping, avant de sembler se rétracter.
Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, avait déjà été accusé d'avoir attisé les émeutes anti-immigration de l'été dernier. Ces violences étaient survenues après le meurtre le 29 juillet 2024 de trois fillettes à Southport, dans le nord-ouest, par un jeune Britannique d'origine rwandaise.
Souvenirs des émeutes de 2024
Des rumeurs présentant à tort le suspect comme un demandeur d'asile musulman arrivé par bateau avaient alors poussé des émeutiers à s'en prendre à des centres d'hébergement pour demandeurs d'asile et à des mosquées. Le meurtrier, Axel Rudakubana, a été condamné en janvier à 52 ans d'emprisonnement.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.