Israël a reconnu le Somaliland, une république autoproclamée séparée de la Somalie depuis 1991. Cette décision stratégique vise à contrer des rivaux comme l'Iran et à sécuriser un accès sans précédent à la mer Rouge et au golfe d'Aden, alors que les rebelles houthis, alliés de Téhéran, ciblent Israël depuis la guerre de Gaza déclenchée le 7 octobre 2023.
Le Somaliland occupe une position géostratégique unique à l'entrée du golfe d'Aden, face au sud du Yémen, reliant la mer Rouge à l'océan Indien. Asher Lubotzky, de l'Institut des relations israélo-africaines à Herzliya, souligne cette importance stratégique. Les Émirats arabes unis exploitent déjà une base militaire au port de Berbera depuis un accord signé en 2017.
Cette reconnaissance intervient après des discussions impliquant le Mossad dans un rôle de "paradiplomatie", selon David Khalfa, chercheur à la Fondation Jean-Jaurès à Paris, qui s'est exprimé auprès de l'AFP. Le Somaliland, décrit comme pro-occidental et politiquement stable, représente «un atout rare dans cette région du monde», explique-t-il.
Objectif: contrer les Houthis
La stratégie israélienne vise à «surveiller et frapper les Houthis» ainsi que «toutes les activités des proxies (intermédiaires) de Téhéran dans la région», précise David Khalfa. Asher Lubotzky estime que cette reconnaissance pourrait changer la donne: «Vu que les États du Golfe, les États-Unis et Israël ont tous combattu les Houthis ces dernières années sans résultat significatif, la possibilité d'opérer depuis le territoire du Somaliland pourrait changer la donne.»
Israël établit ainsi des «contre-alliances» face à l'Iran, selon l'analyse de David Khalfa. Colin Clarke, directeur scientifique du Soufan Center à New York, a déclaré à l'AFP: «Cela semble s'aligner sur les alliances d'Israël [...], qui considère probablement que ses avantages stratégiques potentiels l'emportent sur les inconvénients diplomatiques.»
Tensions régionales accrues
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné mardi cette reconnaissance, la qualifiant d'«illégitime et inacceptable». Il a accusé le gouvernement de Benjamin Netanyahu de chercher à «déstabiliser la Corne de l'Afrique», alimentant davantage la rivalité entre Israël et la Turquie, alliée du Qatar et qui considère la Somalie comme un «pays satellite», selon Asher Lubotzky.
Samira Gaid, experte en sécurité du think tank Balqiis Insights à Mogadiscio, met en garde: «Cette évolution renforce les inquiétudes selon lesquelles la mer Rouge et le golfe d'Aden sont des espaces politiques militarisés plutôt que des corridors commerciaux neutres.» Elle pointe «l'enchevętrement, depuis une décennie, de la Corne de l'Afrique dans les rivalités moyen-orientales».
Colin Clarke constate auprès de l'AFP que «la Corne de l'Afrique, comme d'autres régions du continent, est devenue un champ de bataille entre puissances moyennes, dont Israël, la Turquie et les États du Golfe». L'Éthiopie convoite également un accès à la mer via le Somaliland, faisant de la reconnaissance israélienne une décision stratégiquement logique pour cet allié des deux pays.
Note : Cet article a été créé avec l'Intelligence Artificielle (IA).



