La Cour constitutionnelle thaïlandaise a destitué vendredi la Première ministre Paetongtarn Shinawatra et son gouvernement pour violation des normes éthiques. Les neuf juges ont rendu leur verdict unanime, estimant que la dirigeante de 39 ans avait failli à ses obligations lors d'un entretien téléphonique controversé avec l'ancien dirigeant cambodgien Hun Sen en juin.
L'appel téléphonique avait été enregistré et diffusé en ligne à l'insu de la Première ministre, déclenchant une crise politique majeure. Les critiques reprochaient à Paetongtarn Shinawatra un ton "trop révérencieux" face à Hun Sen et d'avoir assimilé un général thaïlandais à un opposant.
La dirigeante a défendu ses actions après l'annonce du verdict. "Mes intentions étaient dans l'intéręt du pays, non pas pour mon profit personnel, mais pour la vie des gens, y compris les civils et les soldats", a-t-elle déclaré aux journalistes.
Troisième Shinawatra renversée
Cette destitution fait de Paetongtarn Shinawatra la troisième membre de sa famille à quitter prématurément le pouvoir. Son père Thaksin et sa tante Yingluck avaient tous deux été renversés par des coups d'État militaires lors de crises politiques précédentes.
Il y a une semaine, son père Thaksin avait été acquitté dans son procès pour crime de lèse-majesté, évitant ainsi jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. Le milliardaire de 76 ans reste une figure centrale de la politique thaïlandaise malgré les turbulences.
Depuis une vingtaine d'années, la politique du royaume est marquée par l'affrontement entre le clan Shinawatra et l'élite conservatrice. Cette dernière considère la famille comme une menace pour l'ordre social traditionnel.
Tensions frontalières meurtrières
L'incident diplomatique s'inscrivait dans un contexte de bras de fer entre la Thaïlande et le Cambodge depuis la mort d'un soldat cambodgien fin mai. Les hostilités avaient éclaté après un échange de tirs avec l'armée thaïlandaise dans une zone frontalière disputée.
Cinq jours d'affrontements armés entre les deux pays voisins ont causé la mort de 40 personnes en juillet et provoqué la fuite de plus de 300 000 autres. Les conservateurs du parti Bhumjaithai avaient alors quitté la coalition gouvernementale.
Paetongtarn Shinawatra était suspendue de ses fonctions depuis juillet, témoignant d'une crise constitutionnelle prolongée. Sa proche Jiraporn Sindhuprai avait déclaré vendredi avant le verdict qu'elle était dans "un bon état d'esprit".
Paralysie politique inédite
La destitution plonge le royaume dans une paralysie politique sans précédent, aucun candidat naturel n'étant en mesure de prendre la relève. La Constitution thaïlandaise limite la succession aux seuls candidats officiellement présentés lors des élections générales de 2023.
Sur les neuf personnes initialement proposées par les principaux partis, quatre sont déjà inéligibles tandis que les candidatures des cinq autres sont contrariées pour diverses raisons. Le parti Pheu Thai gouverne avec une coalition fragile au Parlement.
L'organisation de nouvelles élections pourrait apparaître comme une solution, mais l'incertitude demeure sur les prérogatives du Premier ministre par intérim Phumtham Wechayachai. Il n'est pas clair si celui-ci peut convoquer les électeurs ou si seul un Premier ministre approuvé par le Parlement dispose de ce droit constitutionnel.
Sources utilisées : "AFP" Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.